Si vous êtes parent ou professionnel(le) de la petite enfance, vous avez déjà remarqué que certains enfants sont naturellement plus solitaires que d’autres. Parfois, il n’y a pas vraiment lieu de s’inquiéter, par exemple si votre enfant ne semble pas souffrir de cet isolement ou vous confie qu’il aime jouer tout seul de temps à autre. Néanmoins, un changement soudain de comportement, un isolement systématique de l’enfant ou une timidité excessive peuvent vous alerter. Vous pouvez réagir et l’amener à développer davantage ses habilités sociales qui sont justement en pleine construction. Il existe deux types d’isolement qu’il faut bien différencier, la solitude voulue, et la solitude subie. Pour savoir si votre enfant est réellement heureux lorsqu’il est seul, il ne faut pas hésiter à en discuter avec lui pour voir comment il appréhende la situation. Comprendre pourquoi votre enfant aime être seul est la seule manière de savoir s’il faut vous inquiéter ou non. On vous explique comment !

Pourquoi un enfant est solitaire ? 

 

Il existe deux principales causes à l’isolement des enfants, soit c’est une préférence due à un trait de caractère, soit l’enfant a développé une forme de méfiance envers les autres. 

Un trait de personnalité ? 

 

En effet, il existe généralement trois types de personnalités : 

  • les personnalités extraverties 
  • les personnalités introverties 

  • les personnalités que l’on nomme ambiverties et que l’on connaît moins. 

 

Pourtant, elles sont aussi les plus fréquentes. L’idée est que les enfants extravertis se nourrissent davantage du contact avec leurs camarades tandis que le contact social répété fatigue plus les enfants introvertis. Ces derniers tirent leur énergie de la solitude qui leur est essentielle pour se ressourcer. En fait, il y a de grandes chances pour que les enfants comme les adultes, nous soyons tous ambivertis. Nous avons tous en même temps besoin de solitude et d’interaction sociales. Le plus dur reste d’identifier certaines tendances. Si votre enfant aime être seul mais seulement dans certaines circonstances, les jeux calmes ou au contraire les jeux d’équipe, cela signifie qu’il est ambiverti. Il peut se révéler sociable et porteur du jeu mais seulement sous certaines conditions. Il faut donc proposer à vos enfants des activités qui leur permettent de développer différentes facettes de leur personnalité. Un enfant mal à l’aise en sport pourra étonner ses camarades en musique et gagner ainsi confiance en lui. 

 

Le laisser développer son univers 

 

En effet, les relations sociales influencent la confiance qu’a l’enfant en ses propres capacités. La société actuelle a tendance à valoriser les personnes plus extraverties. Néanmoins, les enfants qui ont tendance à l’introversion sont souvent de fins observateurs qui possèdent une grande sensibilité. Cette différence de caractère reste naturelle et simplement différente de l’extraversion. Souvent, les personnes ayant des tendances introverties se révèlent être des grands spécialistes dans leurs domaines à l’âge adulte. Il faut donc laisser l’enfant développer son univers personnel et l’accepter tel qu’il est ! 

 

Pour aider un enfant qui apprécie être seul, vous pouvez lui délimiter un espace de jeu avec un tapis par exemple. Cela permettra à ses camarades de respecter son espace ainsi que ses jouets. Dans une collectivité, il est important d’apprendre aux enfants à respecter les jeux et la liberté des uns et des autres. 

 

Un mal-être caché ? 

 

Malgré cela, il est normal de s’inquiéter de voir un enfant s’isoler et il faut, pour se rassurer, écarter l’hypothèse d’une souffrance psychologique. Si son attitude relève d’un changement soudain, il peut être le signe d’un mal-être de l’enfant. Si votre enfant souffre d’autres symptômes comme la perte d’appétit, un sommeil difficile ou perturbé, des pertes d’attention ou s’il manifeste une certaine tristesse, cela doit vous inquiéter. Il ne faut pas hésiter à observer l’enfant pour voir si l’isolement qu’il s’octroie lui apporte quelque chose de positif ou plutôt quelque chose de négatif. Parler avec l’enfant et l’aider à verbaliser ses émotions vous permettra d’identifier un éventuel mal-être caché qui pourrait être la cause de sa solitude. Il convient ainsi de surveiller son comportement à l’école, en classe et dans sa vie en général pour voir s’il ne fait pas face à des problèmes de santé ou de développement. 

 

Aider votre enfant à se sociabiliser 

Pour aider l’enfant isolé, la première étape est bien sûr d’en parler avec lui, ou plus simplement, de lui accorder davantage d’attention pour comprendre l’origine de son isolement. Selon sa réponse, vous pourrez alors adapter votre comportement face à lui. Souvent les enfants discrets sont involontairement laissés de côté par les professionnels de la petite enfance qui doivent veiller à repartir leur temps d’attention de la manière la plus efficace possible. N’hésitez pas à proposer des jeux en petit comité si vous voyez qu’un enfant est mal à l’aise lors des jeux en grand comité. Cela peut l’encourager à créer des liens et casser le rejet de ses camarades qui relève d’un effet de groupe. Si vous êtes un professionnel de la petite enfance et que vous repérez un enfant solitaire qui vous inquiète, il peut être utile de faire part de son attitude à ses parents. Cela vous permettra de comprendre si cet enfant adopte la même conduite à la maison ou en famille et si son retranchement relève d’un trait de personnalité ou plutôt d’un mal-être. 

 
 

Un effet de groupe ? 

 

Néanmoins certaines études s’intéressant aux comportements de “retrait social” montrent que les enfants solitaires sont davantage victimes de rejet de la part des autres. Tous les enfants qui aiment la solitude ne sont pas forcément victimes de rejet mais il existe une corrélation entre une attitude d’isolement volontaire et un rejet par ses camarades. En plus, ses conduites, souvent observées vers la fin de l’enfance, sont très fortement susceptibles de se reproduire à l’adolescence et de perdurer à l’âge adulte. 

 

Le cercle est vicieux car plus l’enfant aime être seul et plus les autres sont enclins à le rejeter. Ainsi, il développera de la méfiance et, d’un retranchement choisi, il passera à un isolement subi. Pour briser ce cercle le plus tôt possible et éviter des répercussions durant l’adolescence où l’appartenance à un cercle social est très importante, il ne faut surtout pas mettre la pression sur l’enfant. En effet ces dynamiques sont interpersonnelles et ne relèvent pas seulement de l’enfant lui-même. 

Créer de nouvelles dynamiques 

 

Il faut encourager les enfants à n’exercer aucune forme de rejet. Montrer vous-même votre intérêt pour l’enfant, faire remarquer aux autres ses idées, le faire participer ou décider d’un jeu peut aider à casser une dynamique de rejet. Souvent ce mouvement de rejet est inconscient et il n’y a pas de vraies raisons pour un collectif d’enfants de repousser un enfant en particulier. Travailler les dynamiques collectives, et cela le plus tôt possible, est plus bénéfique que de mettre la pression sur l’enfant et d’autant plus si celui-ci est naturellement introverti.  

 

Développer toutes sortes de jeux en équipe, en petit ou grand comité, permettra à l’enfant de comprendre que les intérêts des groupes sont variés et qu’il peut y trouver sa place à certains moments. Se faire des amis est une étape indispensable au bon développement d’un enfant qui devra faire face toute sa vie au monde social. Néanmoins, cela n’est pas forcément inné et les enfants ont parfois besoin d’un petit coup de pouce. 

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