Le coût d’un jeu vidéo est un facteur auquel beaucoup préfèrent ne pas penser lors de la réalisation théorique de leur projet. Voici cependant tous les outils pour vous aider à avoir une estimation réaliste au cours de votre future vie professionnelle.

 

 

Des projets onéreux

Le jeu vidéo est sans hésiter une des formes de médias les plus coûteuses à produire dans le monde des industries culturelles. Le budget des projets les plus ambitieux parmi eux rivalisent régulièrement avec celui des plus gros blockbusters Hollywoodiens.

 

Il faut en effet prendre en compte qu’un jeu vidéo est en réalité le résultat de la fusion de nombreux talents et spécialités. On y retrouve des spécialisations comme le Game design, le Level design ou la programmation mais aussi les arts numériques, la musique, le doublage l’écriture de script

 

Toutes ces activités vont demander la participation d’un nombre conséquent de collaborateurs, la présence de matériel spécialisé ainsi que les compétences pour pouvoir le manipuler.

 

Le coût de création et de distribution est ainsi probablement l’aspect qui effraye le plus les différents créateurs indépendants, voire, qui les bloque totalement dans le processus de développement. Si de nombreuses solutions existent pour pallier à ces problèmes, telles que le soutien d’un éditeur, l’appel à un crowdfunding ou à des aides de l’Etat, étudions déjà à combien s’élève la note.

 

 

Les différents coûts du développement d’un jeu vidéo

Il n’existe pas réellement de formule miracle pour déterminer combien coûtera un jeu vidéo : tout dépend de son ampleur, de la taille de l’équipe qui travaillera dessus, de son efficacité et de l’intensité de son marketing. Néanmoins, on peut reconnaître des coûts inévitables qui vont affecter tous ou du moins la majorité des studios.²

 

Salaire des développeurs

Il s’agit du facteur le plus évident mais aussi du plus coûteux : pour créer un jeu, il faut une équipe spécialisée dont les membres sont capables de couvrir tous les rôles nécessaires. Le salaire d’un développeur tend à varier en fonction de son ancienneté, de ses compétences et des responsabilités de son poste.

 

Pour référence, un Game Designer confirmé peut s’attendre à gagner entre 2500 à 3300€ par mois. Les Game Artists peuvent, en fonction de leurs compétences, eux aussi espérer toucher une fourchette similaire. Un programmeur aura tendance à toucher un peu plus (environ 4000€ par mois) tandis qu’un testeur/chargé de qualité touchera un peu moins (autour de 2000€).

 

Attention cependant si vous travaillez dans d’autres pays ou en collaboration avec un studio étranger car les prix peuvent drastiquement varier selon la région du globe. Nos voisins d’Outre-Atlantique s’attendent par exemple à des salaires atteignant facilement les 10 000$ par mois. Il ne s’agit pas cependant d’un salaire brut : cette dépense comprend le coût des assurances, des retraites ainsi que les différents impôts et taxes associées.

 

Game Engine et assets

Aussi nommé moteur de jeu, le Game Engine est le catalyseur par lequel le cœur du développement du jeu va se produire. C’est un outil qui a comme charge de gérer l’espace virtuel et d’y synchroniser tous les éléments créés séparément par les différentes équipes au cours du développement. Il s’agit donc d’un logiciel indispensable et dont les capacités vont directement influencer les performances et les possibilités finales du jeu.

 

Les game engines sont des logiciels particulièrement puissants et spécialisés. De nos jours, ces moteurs sont souvent suffisamment polyvalents pour pouvoir accueillir la plupart des types de jeux, bien que certains soient plus adaptés à certaines spécialisations.

 

Deux choix s’offrent alors à l’équipe de développement

 

  • Louer une licence de game engine

Cela implique bien évidemment un certain coût. Il est possible de négocier une licence pour la durée d’un jeu (dont le prix varie selon l’ampleur mais qui peut facilement atteindre 5 million de dollars pour un jeu AAA), mais certains moteurs comme Unreal Engine ou Unity proposent également des services gratuits en échange de royalties sur toutes les ventes du jeu à sa sortie (autour de 5%)

 

  • Créer son propre engine

Cela permet d’avoir un logiciel propriétaire plus poussé et personnalisé, mais il s’agit souvent d’une dépense colossale. Il est difficile d’avoir des estimations car ces chiffres sont rarement communiqués, mais on s’attend généralement à plusieurs dizaines de millions de dollars. Bien évidemment, cette pratique est réservée aux géants de l’industrie et ces moteurs sont réutilisés par plusieurs autres jeux du studio. Exemples : Fox Engine, Frostbite, Source…

 

Il est aussi assez commun pour tous types de développeur d’acheter différents assets qui seront par la suite modifiés, ce qui permet d’alléger la charge de travail et d’économiser du temps de développement

 

Locaux et matériel

Il faut également penser à l’environnement de travail accueillant ces professionnels, ce qui implique bien souvent un accès à des locaux dès que l’équipe dépasse un certain nombre de membres. Ces derniers sont soit loués dans le cas de studios plus flexibles, ne réunissant leurs troupes que lorsqu’un projet tombe entre leurs mains, soit ils peuvent être achetés et permanents pour des studios plus stables. On estime toutefois en moyenne un coût de 5800€ par an et par personne.

 

Au niveau du matériel, le bureau d’un développeur moyen comprend généralement un ordinateur performant ainsi que deux écrans. Il est également impératif que les employés aient accès à des logiciels essentiels tels que Word, Photoshop, Havok ou même Windows, ce qui peut rendre cette note assez salée.

 

Si le studio désire également s’aventurer sur des techniques plus expérimentales, comme la motion capture ou la VR, l’équipement spécialisé représente lui aussi un coût important.

 

Intervenants

Il est rare que les membres d’une équipe de jeu vidéo aient les compétences nécessaires pour répondre à tous les besoins de la création de leur jeu. C’est souvent le cas de la musique ou des bruitages par exemple.

 

En effet, en dehors de rares exceptions où certains studios ont à leur disposition des musiciens attitrés et chargés de produire des bandes sons pour leurs différents jeux (Grant Kirkhope, Nobuo Uematsu…), la grande majorité des studios plus modestes vont faire appel à des interventions externes pour ces services.

 

C’est aussi le cas pour les jeux désirant avoir un doublage. Si on laisse certains caméos aux mains des quelques développeurs, c’est bien souvent vers des professionnels qualifiés qu’on va se tourner. Il faudra également penser à l’équipement et au studio d’enregistrement.

 

Enfin, il est aussi assez commun de voir les Game designers faire appel à des scénaristes afin de les aider à élaborer leurs univers et d’écrire les nombreuses notes, dialogues et textes qui les composent.

 

Coût annexes

Il existe enfin de nombreux frais qui peuvent s’ajouter auxquels on pense plus rarement, tels que les déplacements, les traduction, coût du site web, les frais d’entretien des locaux (concierge)…

 

Le marketing : le nerf de la guerre et du budget

Créer un jeu est déjà une étape onéreuse en elle-même, mais il ne faut cependant pas oublier la place du marketing, qui s’approprie bien souvent la plus grosse part du gâteau. Avec plusieurs dizaines de milliers de sorties par an, savoir signaler au monde que son jeu existe est crucial.

 

Dans le cas des jeux AAA, cet aspect est clé. Les éditeurs n’hésitent pas à s’attaquer aux médias traditionnels : télévision, spots publicitaires, invasion des boutiques de jeu vidéo en ligne comme hors ligne, sponsorisation…

 

Tout cela coûte évidemment extrêmement cher : la grande majorité de ces titres investissent au moins la moitié de leur coût de développement dans le marketing et régulièrement bien plus. Call of Duty Modern Warfare 2, jeu le plus coûteux jamais produit en est l’exemple parfait avec un budget de développement de 50 millions de dollars (le plaçant en réalité dans la moyenne de son genre) mais un budget marketing de 200 millions de dollars.

 

Cependant, il existe d’autres alternatives. La démocratisation des réseaux sociaux et le foisonnement du jeu indépendant ont permis de voir émerger d’autres stratégies hors-média moins coûteuses.
On peut retrouver par exemple une intensification du community management, des communications régulières sur les avancements d’un jeu et un rapprochement avec le public. Les plateformes de téléchargements telles que Steam participent aussi grandement à la mise en avant de jeux autrement inaccessibles.

 

Bien qu’elles ne soient pas totalement gratuites, le coût de ces techniques est bien moindre et permet à la scène indépendante de signaler son existence en outrepassant la barrière des médias traditionnels. Elles ont comme défaut néanmoins le besoin de consacrer un temps important sur cette communication, ce qui peut se montrer gênant pour de petites équipes dont l’emploi du temps est déjà saturé.

 

Coût de développement d’un jeu créé en solo

Plaçons-nous maintenant du point de vue d’un développeur souhaitant créer son jeu entièrement (ou presque) seul ou dans une équipe de moins de trois personnes. Cela ne signifie pas que ces jeux soient condamnés à l’anonymité : on trouvera notamment issus de ces configurations des succès comme Super Meat Boy, Cave Story ou bien évidemment Minecraft (dont la grande majorité des fondamentaux n’ont été conçus que par un seul développeur).

 

Bien entendu, les coûts sont ici minimes : on peut s’attendre à ce que la majorité des problèmes liés au matériel soient résolus par le fait que la petite équipe est déjà en possession des outils nécessaires.
Au niveau des salaires, il n’y en a généralement pas. Très souvent, ces projets naissent d’une passion plus que d’un véritable planning professionnel et ils sont la plupart du temps créés sur le temps libre de leur développeur.

 

Dans le cas d’une levée de fond réussie, le budget servira généralement à pouvoir financer des dépenses personnelles le temps du processus de création. Les profits s’effectuent au cours de la vente du jeu.
La principale difficulté ici réside cependant dans la polyvalence : il est difficile pour aussi peu de membres de couvrir un panel efficace et il est commun pour ces créateurs de faire appel à d’autres intervenants, même si ces derniers restent souvent amateurs.

 

Produire un jeu coûterait dans ce contexte un minimum de 300€ (ce qui représente généralement les coûts pour se placer sur les plateformes de téléchargement et les licences de logiciels). Généralement pour des projets plus sérieux, on s’attendra plus souvent à des budgets de quelques dizaines de milliers d’euros.

 

Example : Undertale

Réalisé presque exclusivement par un seul et unique développeur, Toby Fox, le style minimaliste de Undertale a permis ce dernier de mener entièrement à bien son projet après avoir levé 50 000 dollars pour deux ans de développement.

 

Les frais ont principalement été alloués aux dépenses personnelles de Toby Fox, lui permettant de pleinement se consacrer au développement, ainsi qu’au salaire d’une intervenante sur laquelle il a compté pour l’écriture de certains dialogues et de sprites.

 

Son marketing s’est principalement effectué par le biais d’une communication en bouche à oreille via internet, ayant rapidement atteint un statut viral moins d’une semaine après sa sortie.

 

Coût pour un studio indépendant ou petites équipes

On classera dans cette catégorie des équipes de jeu vidéo plus modestes, allant d’une dizaine à une cinquantaine d’employés.
C’est à partir de cette échelle qu’on commence à ressentir le coût des infrastructures, bien que certains petits studios puissent passer par le biais de télétravail et d’une organisation efficace pour réduire drastiquement ces coûts.

 

Les salaires quant à eux sont bels et bien présents, mais les règles sont flexibles. Il est fréquent que, lors d’un développement tumultueux, les employés se sacrificient et acceptent un salaire plus faible pour recevoir une compensation plus tard au moment des ventes. Le marketing ici est presque systématiquement réalisé en hors-média par le biais d’un community management intense et la multiplication d’apparitions sur les réseaux sociaux.

 

Le coût d’un jeu indépendant peut drastiquement varier de projet en projet. De manière générale cependant, un minimum de 50 000€ est à prévoir pour des titres plus modestes (Papers Please, Baba Is You…) tandis que des jeux plus conséquents (A Hat in Time, Bastion, Cuphead) peuvent aller jusqu’à atteindre la barre des 300 000€.

 

Exemple : Shovel Knight

Créé par une petite équipe indépendante de 6 personnes, le jeu est parvenu à lever 328 000 dollars via Kickstarter. Engaillardi par ce budget, ces derniers ont décidé d’ajouter une portion conséquente de contenu additionnel qui a drastiquement agrandi l’échelle du jeu original.

 

Au total, Shovel Knight aurait en théorie dû coûter la somme de près d’un 1,4 millions de dollars. Les employés n’ont pu réussir à conserver ce budget qu’en diminuant volontairement leur paye dans les dernières étapes du développement.

 

Au niveau du marketing, Shovel Knight s’est montré comme un cas d’école, l’équipe étant particulièrement présente et transparente auprès de son public via les réseaux sociaux. Shovel Knight est aussi connu pour avoir fait (et reçu) énormément de caméos au cours de partenariats avec d’autres studios indépendants ou, plus récemment, auprès de jeux AAA comme Super Smash Bros Ultimate.

 

Coût pour un jeu AAA

Les AAA sont l’équivalent des blockbusters Hollywoodiens et en tant que tels, ils ont à leur disposition des budgets démesurés, assurés presque systématiquement par un éditeur. Tous les éléments cités précédemment lors de la création du jeu vidéo sont présents en pleine force et c’est ici qu’on verra les variantes les plus spécifiques (motion capture, stars du doublage, moteurs de jeux propriétaires…)
Le nombre d’employés ici peut varier quelque peu, mais on s’attend la plupart du temps à voir entre 200 à 500 personnes travailler sur diverses étapes du jeu. Certains projets plus ambitieux tels que Assassin’s Creed : Black Flag sont apparemment passés entre les mains de pas moins de 900 employés.

 

Le marketing est ici particulièrement mis en avant, les éditeurs multipliant les apparitions publicitaires afin d’atteindre un public le plus large possible. La rentabilité du jeu en dépend : ces projets étant extrêmement coûteux, il est nécessaire de les écouler suffisamment pour être rentable.

 

Il est rare que le budget exact des jeux AAA soit communiqué ouvertement, mais il se compte bien souvent en million. La plupart des titres dans cette catégorie connaissent ainsi un coût de développement qui se situe bien souvent entre 20 et 40 millions d’euros. Ca n’empêche pas cependant les briseurs de record de s’élever bien au delà de ce chiffres, atteignant les 60 millions d’euros en frais de développement. Le marketing quant à lui représente au moins la moitié de cette somme mais va en réalité bien souvent l’égaler, voire la dépasser.

 

Exemple : Mass Effect 3

Clou de la saga à succès de Bioware, studio sous l’influence directe de l’éditeur Electronic Arts, ce jeu a été créé et marketé pour être un véritable blockbuster, ce avec succès.
Elaboré par un peu plus de 400 contributeurs, Mass Effect 3 comprend de nombreux assets originaux, un doublage intégral qui comprennent l’intervention d’acteurs reconnus et a bénéficié d’une campagne marketing soutenue présente sur toutes les plateformes liées au gaming.

 

Au total, sa création a demandé environ 40 millions de dollars, ce qui comprend son coût marketing. Il s’agit en réalité d’une somme relativement basse pour un jeu de cette ampleur, ce qui s’explique sans doute par ses origines RPG qui permettent rythme moins intense que la moyenne.Vous voici donc un peu plus familier avec le coût réel du jeu vidéo. Gardez en tête qu’en France, près de 93% des développeurs se déclarent être indépendants : savoir planifier et maîtriser un budget est alors une compétence cruciale pour votre future profession.

 

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